Mon récit d'accouchement

Récit de mon accouchement naturel

Le 25 juin 2014, 6h00, mon petit trésor dort paisiblement à côté de moi, je me sens sur un petit nuage, épuisée, mais si bien. Notre petit trésor est né à 3h31, et je vais vous raconter cet accouchement qui pour moi était une belle surprise comparé à mon premier.

Je fais une petite parenthèse pour mon premier accouchement, j’avais dû être provoquée car bébé avait cassé sa courbe, et ils suspectaient un souci à la vessie qui ne se vidait pas in-utero lors du contrôle à terme. J’avais eu 3 ovules pour stimuler, et comme on m’avait prévenue, les contractions pouvaient arriver vite avec douleurs intenses. Pour résumer : grosse panique lors des contractions, j’avais totalement perdu contact avec mon corps tellement c’était intense, impossible de trouver une position qui pouvait m’aider (en même temps la sage-femme ne m’avait rien proposé), et pose de la péridurale au dernier moment. 40 minutes après la pose de la péridurale, le cœur de bébé avait chuté… cordon autour du cou, forceps, grosse épisio, tout s’est enchaîné si vite, ma puce est née, elle était violette. Puis après cet accouchement mal vécu, il a fallu transférer ma fille au CHUV 36 heures après, ils n’arrivaient pas à vider sa vessie… je n’ai pas pu la suivre hélas… c’est mon mari qui est parti avec. C’était une expérience assez « traumatisante » pour elle et moi, même si finalement ma puce a pu revenir en pédiatrie le jour d’après, sans séquelle et tout allait bien. J’étais sortie le matin (48 heures après l’accouchement) pour la retrouver et l’allaiter, j’y tenais. J’étais si épuisée et ma cicatrice me faisait énormément souffrir, mais je devais être auprès d’elle. Après cette dure expérience, j’ai mis des mois à m’en remettre. Une année après j’ai pris les choses en main et je suis allée voir une kiné avec ma fille pour « fermer les blessures ». Aujourd’hui, elle a 2 ans et demi et c’est une petite fille pleine de vie… et moi une maman comblée.

Et voici l’histoire de la naissance de mon petit loulou:

Mardi 24 juin, je dois rentrer à la maternité à 20h30 pour une provocation car bébé a 10 jours de retard. Je me dis que tout peut encore arriver, bébé peut encore se décider tout seul, c’est arrivé à d’autres, pourquoi pas moi. La journée commence tranquillement, je profite de ma fille, je prépare les dernières choses à la maison et contrôle mon sac pour la 10e fois en deux semaines. Mon mari est au travail et doit rentrer vers 16h00. Après ma sieste, à 15h30, je me lève, je vais aux toilettes, et en faisant quelques pas, je sens que ça coule un peu. Je contrôle ma serviette, on dirait que c’est plus liquide que des pertes mais j’ai un doute, je la change pour voir si ça continue. Quelques minutes plus tard, rebelote, ça coule par saccades. Sans trop m’emballer, je me dis « c’est bien du liquide, je perds les eaux… ». Aucune contraction ne vient, mais je sens que bébé appuie fort. Ma fille se réveille de sa sieste et mon mari rentre du boulot. Je lui propose d’aller au parc avec la petite et d’aller faire les 4 heures là-bas. Je lui glisse ensuite que je perds les eaux et que j’ai besoin de marcher un peu… tout étonné, il me dit ok, mais n’est pas très rassuré. Moi je « pète le feu »… l’adrénaline me fait oublier que ça appuie fort en bas et que ça continue de couler un peu. On part se promener, je marche lentement et on arrive au parc. Tout va bien, je ne ressens toujours pas de contractions, juste un pincement au bas ventre. En repartant, ça coule plus fort et je demande à mon mari d’aller chercher la voiture. Je me dis que si je viens à tremper mes habits au milieu de la rue, ce n’est pas top. J’appelle ensuite ma maman pour lui dire qu’on lui amène la petite plus tôt que prévu. On rentre et j’appelle la maternité pour leur annoncer ma venue dans l’heure qui suit et non pas à 20h30 pour la provocation. Je suis toute heureuse d’annoncer cela à la sage-femme. Mon bébé a décidé de lui-même de pointer le bout de son nez, quel soulagement. Après le téléphone, je mange un petit quelque chose histoire de tenir la soirée. Je prends une douche et je termine de fermer mon sac, et de préparer les affaires pour ma fille. On part chez mes parents, on papote un moment, je dis au revoir à ma puce qui a compris que maman part à l’hôpital car le bébé va se réveiller et sortir du ventre.

Il est 18h30, on m’installe dans la salle d’examen, et là je trempe mes vêtements. Je me change en enfilant la fameuse blouse bleue et le slip-filet, yeah trop sexy ! On me pose le monitoring et bébé a le cœur qui s’emballe, mais rien d’alarmant. Je reste une heure ainsi à sentir des légères contractions aléatoires. Je vais ensuite rejoindre ma chambre… je m’installe gentiment et je repars ensuite marcher avec mon mari. Toutes les 10 minutes environ j’ai de légères contractions insignifiantes, mais je les sens. De retour en chambre, on refait un monitoring et je fais un petit récit de mon premier accouchement à la sage-femme histoire de me rassurer et de « boucler » le passé. Toujours pas de travail en vue, le bébé va bien, assez de liquide. Les heures passent et on est déjà le 25 juin, il est 0h30. Un dernier monitoring et un contrôle du col à 1h00. Mon col est encore à 2 doigts et les contractions ne sont toujours pas régulières. La sage-femme propose à mon mari de rentrer dormir (on habite à 5 minutes). Elle m’amène ensuite le ballon et me propose de faire des exercices. Je commence mes exercices de respiration et la position sur le ballon me plaît. Je sens arriver des contractions mais toujours gérables et pas très rapprochées. A 1h30, elle me remet le monitoring, tout va bien, les contractions deviennent plus « piquantes », mais la sage-femme me dit que le travail n’a toujours pas commencé. Le médecin vient prendre des nouvelles et me dit que si rien n’avance d’ici demain après-midi, on devra provoquer. Et moi je flippe déjà, en espérant accoucher au petit matin. Il me dit que c’est fort probable que ça vienne dans la nuit, mais rien n’est joué. Je reste confiante et je me prépare mentalement à faire nuit blanche. A 2h00, la sage-femme me propose de faire encore du ballon et de prendre un bain ensuite. Je me remets donc sur mon ballon et je continue mes respirations, je commence à bien sentir les contractions, elles deviennent plus rapprochées et plus douloureuses, mais sont tout à fait gérables. Je mets en pratique mes exercices de sophrologie. Je sens une contraction arriver, je me mets en position sur mon ballon et j’inspire profondément, j’expire en apprivoisant la douleur (je me répète sans cesse « la douleur accompagne mon bébé »), et je visualise mon bébé en train de descendre, je sens mon bassin, mes muscles, je prends conscience du chemin à faire. Soudain, j’ai une forte envie d’aller aux toilettes. J’y vais en me rappelant « c’est un signe que le travail a commencé… ». Je ne panique pas et je reviens sur le ballon. Il est 2h30 et la sage-femme n’est toujours pas revenue. Je me dis que je ne vais pas pouvoir aller dans mon bain, et je suis trop bien sur mon ballon accrochée au lit, en faisant des cercles et en bloquant mes genoux contre le lit quand une contraction arrive. S’enchaînent ensuite plusieurs contractions assez intenses à intervalle de 3-4 minutes. Je contrôle le timing sur mon portable avec la minuterie depuis le début, mais là je l’éteins car c’est sûr le travail a commencé. Il est 2h45, je me dis qu’il faut maintenant appeler la sage-femme, ça devient vraiment douloureux. Je n’arrive pas à me lever du ballon, mais je me force pour pouvoir atteindre le bouton d’appel. J’arrive à me glisser sur le bord du lit et j’attends la sage-femme pliée en deux en train de gémir, mon souffle est court, je n’arrive plus à gérer. J’en oublie mon mari… La sage-femme arrive et « vient à mon secours »… Elle veut me contrôler le col, mais je n’arrive pas à monter sur le lit, les contractions ne me laissent pas de répit. Elle m’aide à m’allonger et me contrôle le col. Et là, elle m’annonce avec stupéfaction que je suis à 7 cm, qu’on va passer en salle d’accouchement et qu’il faut appeler mon mari. Paniquée, je lui dis « mais je veux une péridurale, dites-moi que ce n’est pas trop tard… » et elle dit « je vais tout faire pour, mais je ne vous promets rien ». Et je vois dans ses yeux que ça ne sera pas possible… tant pis, j’essaie de me concentrer pour respirer, mais j’ai déjà envie de pousser, c’est une sensation bizarre que je n’avais bien sûr pas senti lors de mon premier accouchement. Je suis un peu trop crispée et impossible de reprendre mon souffle. La sage-femme court chercher une chaise roulante et alerte ses collègues. Il est 3h02, je prends mon portable et appelle mon mari tant bien que mal et lui dis « vite faut venir je suis à 7 cm, dépêche-toi ». La sage-femme revient avec la chaise mais impossible de me lever. Elle insiste en me disant «il faut vraiment y aller sinon vous allez accoucher ici… ». Je monte sur la chaise et hop départ en salle d’accouchement. Tout s’enchaîne et une fois les pieds dans les étriers, mon mari arrive. La sage-femme m’annonce qu’elle voit la tête. J’en reviens pas… mon mari non plus. Je suis très crispée et demande une dernière fois bêtement « donc pas de péridurale… ? ». Et dans ma tête je repense à tous ces récits (et à mes deux grands-mamans) que j’ai lu sur les naissances naturelles, et je me dis « moi aussi je peux y arriver… », et je ressens déjà cette fameuse brûlure. Je commence à pousser mais je m’y prends mal. Avec les conseils des sage-femmes, je change ma technique, mais mes jambes restent trop tendues et crispées, ça me brûle, j’ai peur de pousser. Finalement, je prends mes cuisses et je pousse aux rythmes des contractions. La douleur s’intensifie, j’ai l’impression que tout se déchire, mais je continue ainsi durant 4-5 poussées et là je sens mon bébé passer, la douleur diminue, je ne sens plus rien, mon trésor apparaît et je l’attrape. Mon mari coupe le cordon, il se met à pleurer, moi aussi, notre petit trésor est né à 3h31 avec ses 3,350 kg et 50 cm. Il est blottit tout contre moi et pleure un bref instant. Il a déjà les yeux ouverts et me regarde. Mon mari et moi lui parlons gentiment, on est si heureux. Tout est si calme autour de nous. Vient ensuite l’expulsion du placenta où j’essaie de pousser, mais je ne sens rien. Pourtant il sort et tout est ok. Un moment après, mon mari lui donne le bain. Pendant ce temps, le médecin me fait quelques points de sutures sur ma petite déchirure. La petite anesthésie est très désagréable. Ensuite, mon loulou est à nouveau dans mes bras et la sage-femme me demande alors si je veux allaiter. J’avais quasiment pris ma décision avant l’accouchement mais je m’étais laissée une petite marge pour changer d’avis quand bébé serait dans mes bras. Et l’envie ne vient pas… je lui donne alors son petit biberon de glucose. Mon mari l’habille pendant que l’on me prépare à retourner en chambre. Je me mets debout sans problème, incroyable comme je me sens bien. Nous rejoignons la chambre à 6h00 et mon mari file récupérer ma fille car ma maman doit partir travailler. Je me repose alors et je me repasse l’accouchement en boucle, comme si j’avais loupé un chapitre. Quelques heures plus tard, mon mari et ma fille viennent nous rejoindre. Ma fille est toute curieuse et accueille son petit frère avec plein de bisous. Elle regarde mon ventre et me dit « le bébé il est réveillé, il est sorti… ». Et nous voici quatre !

Nous sommes rentrés à la maison au 4e jour. Le retour fut un peu stressant car la famille était là et il a fallu gérer mon petit bout qui semblait avoir tout le temps faim, pleurait beaucoup, et aussi ma fille qui était comme une pile électrique et ne savait plus trop où se mettre… Arrivée au soir, dans les bras de mon mari, j’ai fondu en larmes en repensant à cet accouchement, ma fille qui m’inquiétait, mon gros bidon que je n’aurai plus, mon petit loulou tellement mignon… bref, toutes les émotions qu’une nouvelle maman peut avoir… quelle aventure !!

Avant de boucler ce récit, je ne vous cache pas qu’avant d’arriver au jour J, une petite voix me disait « et si tu arrivais à te passer de la péridurale… », alors que c’était impératif pour moi au départ (je suis une douillette de nature)… vous me direz que je n’ai pas eu le choix, et bien je suis heureuse d’avoir trop attendu pour appeler la sage-femme quand j'étais sur mon ballon ! ;o)

Bravo pour cette magnifique naissance. J'ai vécu un peu la même chose pour ma première, où je suis arrivée trop tard à la mat pour la péridurale (15mn avant la naissance). Quand la sf m'a dit qu'il était trop tard pour la péridurale, cet instant de panique, puis de reprise de confiance en pensant à toutes celles qui nous ont précédées dans la mise au monde... Bienvenue à ton trésor et félicitations à la grande soeur.

Magnifique récit! Merci d'avoir partagé ce moment magique avec nous!

Pfffff! Je m éponge les yeux...

Roh la la Sonia quel accouchement!!
Et quel beau récit de naissance!!! Vraiment touchant!
Ca m'a particulièrement émue de lire que tu avais pensé à tes grands-meres parce que pendant mon 1er accouchement j'ai aussi penser à la mienne et ça m'avait donné du courage.
Ainsi que de savoir que de penser aux récits de naissance naturelles t'avait donné la force et la conviction que tu pouvais y arriver...merci!
Ca me fait à nouveau me dire que de mettre ces témoignages par écrit apporte effectivement qqch d important.

Merci du partage! Encore félicitations et belle vie a Mattew!
Et dis...est ce que je peux le mettre sur le thread des récits de naissances naturelles?


Projet d'espace éducatif alternatif: portage des bébés, couches lavables, écologie, ouverture aux parents, éducation à la paix et à la démocratie...
Plus d'infos sur www.l-alter-native.ch

Merci ! :o)
Oui tu peux le mettre sans autre, avec plaisir...
Ces récits sont tous beaux et c'est vraiment chouette de partager nos expériences.
Je me réjouis de lire les prochains...
Et si un jour j'ai un 3e enfant (pas prévu, on veut s'arrêter là, mais on ne sait jamais), je pense tenter la maison de naissance :o)

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Maman d'une janviette 2012 (TG + à C14)
et d'un petit juinetton 2014 (TG + à C3)

Merci pour ce beau récit et bienvenue à ton bébé !

En te lisant, je me suis, par moment, revue il y a sept ans, en train de réclamer la péridurale alors que la sage-femme voyait les cheveux de mon fils...

Cacahuète, maman de deux garçons nés le 03.08.1999 et le 02.10.2007 (IMG le 10.05.2001 à 13 SA)

Félicitations!!!

Trop beau ton récit Sonia, merci beaucoup de l'avoir partagé! ll m'a arraché quelques larmes et renvoyé quelques semaines en arrière dans mon propre accouchement qui a pas mal de points communs avec le tien! Et ça m'a aussi donné envie d'écrire le récit, j'espère pouvoir le faire bientôt.
Tu as vraiment très bien décrit les choses, y compris les jours post-partum et leur lot d'émotions si particulières...
Dire qu'il y a une mois, on en pouvait plus d'impatience de connaitre ces petits-bouts, et maintenant ils sont là déjà tout bien installés dans nos vies ;)
Tout de bon pour la suite des aventures et au plaisir de te relire!

Oz_iris